Cet article recense les pratiques inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO en France.
Comprendre
modifierLa France est État partie de la Convention sur le patrimoine culturel immatériel qu'elle a approuvée le 11 juillet 2006.
Le pays compte vingt pratiques, dont deux dans ses territoires d'outre-mer, reprises sur la « liste représentative du patrimoine culturel immatériel » de l'UNESCO.
Deux pratiques, dont une située dans un de ses territoires d'outre-mer, sont reprises sur le « registre des meilleures pratiques de sauvegarde de la culture ».
Une pratique est reprise sur la « liste de sauvegarde d'urgence ».
Listes
modifierListe représentative
modifierFrance métropolitaine
modifierPratique | Année | Domaine | Description | Illustration |
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Géants et dragons processionnels 1 2 3 Fêtes de Gayant 4 Tarasque |
2008 | pratiques sociales, rituels et événements festifs | Les processions traditionnelles d'immenses effigies de géants, animaux ou dragons recouvrent un ensemble original de manifestations festives et de représentations rituelles. Apparues à la fin du XIVe siècle dans les processions religieuses de nombreuses villes européennes, ces effigies ont conservé un sens identitaire pour certaines villes de Belgique (Ath, Bruxelles, Termonde ((nl) Dendermonde), Malines ((nl) Mechelen) et Mons) et de France (Cassel, Douai, Pézenas et Tarascon) où elles restent des traditions vivantes. Ces géants et dragons sont de grands mannequins pouvant mesurer jusqu’à neuf mètres de haut et peser jusqu’à 350 kg. Ils représentent des héros mythiques ou des animaux, des métiers ou des figures locales contemporaines, des personnages historiques, bibliques ou légendaires. Le combat de saint George contre le dragon est mis en scène à Mons, le cheval Bayard issu du cycle de Charlemagne défile à Termonde, tandis que Reuze Papa et Reuze Maman, personnages populaires et familiaux, paradent à Cassel. Les processions, qui associent souvent des cortèges laïcs à des cérémonies religieuses, diffèrent d'une ville à l’autre mais obéissent chacune à un rituel précis où le géant a trait à l'histoire, à l’origine légendaire ou à la vie de la cité. Géants et dragons animent ainsi au moins une fois par an des fêtes populaires dont ils sont les acteurs principaux, chaque effigie ayant sa fête à une date fixe. Ils mettent en scène des histoires et dansent dans les rues, accompagnés de fanfares et de groupes de personnes costumées. La foule suit le cortège et nombreux sont ceux qui participent aux préparatifs à différentes étapes de la fête. La création d'un géant, de même que son entretien permanent, nécessite des heures de travail et la maîtrise de plusieurs techniques en raison de la variété des matériaux utilisés. Si ces manifestations ne sont pas menacées de disparition dans l'immédiat, elles subissent toutefois un certain nombre de pressions telles que la transformation des centres urbains et l'afflux touristique, au détriment de la dimension populaire et spontanée de la fête. |
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5 Tapisserie d'Aubusson | 2009 | savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel | Tradition pluriséculaire, l'artisanat de la tapisserie d'Aubusson consiste dans le tissage d'une image selon des procédés pratiqués à Aubusson et quelques autres localités de la Creuse. Cet artisanat produit des tentures généralement de grande taille destinées à orner des murs, mais aussi des tapis et des pièces de mobilier. La tapisserie d'Aubusson s'appuie sur une image de tout style artistique, préparée sur un carton par un peintre cartonnier. Le tissage est effectué manuellement par un lissier sur un métier à tisser placé à l'horizontale, sur l’envers de la tapisserie, à partir de laines teintes artisanalement sur place. Ce procédé exigeant implique un temps de réalisation et un coût importants. Les tapisseries d'Aubusson sont une référence dans le monde entier, au point qu'Aubusson est devenu un nom commun dans certaines langues. La production de tapisseries à Aubusson et à Felletin fait vivre trois petites entreprises et une dizaine d’artisans lissiers indépendants, suscitant une activité induite significative (production de laine et filature, commerce, produits dérivés, musée, expositions et tourisme). Pour stabiliser le niveau d’activité et éviter la rupture de la chaîne de transmission, il est nécessaire d'intéresser les jeunes générations et de promouvoir ce patrimoine. |
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Tradition du tracé dans la charpente française | 2009 | savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel | L'art du tracé de charpente vise à maîtriser en trois dimensions la conception d’un édifice complexe en bois. Ce savoir-faire traditionnel va à contre-courant de la standardisation contemporaine, en valorisant la place de la personne du bâtisseur dans la construction et en insufflant une pensée créatrice aux bâtiments. Le tracé de charpente regroupe les moyens graphiques en usage depuis le XIIIe siècle en France permettant d'exprimer par le dessin et avec la plus grande précision la réalité des volumes d'un édifice, de leurs imbrications ainsi que les caractéristiques des pièces de bois qui permettent de les composer. Il fait l’objet d’un enseignement particulier, tout à fait distinct de la théorie et de la pratique de l’architecture. Par ce procédé le charpentier peut déterminer au sol et en préfabrication toutes les pièces, aussi complexes soient-elles, et être ainsi certain qu'au moment de la mise en place de la charpente tous les assemblages s'emboiteront parfaitement. Les charpentiers appartenant aux sociétés de compagnonnage reconnaissent en outre à l'art du tracé une portée symbolique et initiatique, qui demeure confidentielle. Cet art occupe un rôle central dans le système de valeurs des Compagnons du Tour de France, par exemple. L’enseignement particulier du tracé est actuellement assuré dans plusieurs dizaines de centres de formation, maisons de compagnons et entreprises. |
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Le compagnonnage, réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier | 2010 | savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel | Le système français du compagnonnage est un moyen unique de transmettre des savoirs et savoir-faire liés aux métiers de la pierre, du bois, du métal, du cuir et des textiles ainsi qu’aux métiers de bouche. Son originalité tient à la synthèse de méthodes et procédés de transmission des savoirs extrêmement variés : itinérance éducative à l'échelle nationale (période dite du « Tour de France ») voire internationale, rituels d'initiation, enseignement scolaire, apprentissage coutumier et technique. Le mouvement du compagnonnage concerne près de 45 000 personnes qui appartiennent à l'un des trois groupes de compagnons. Les jeunes à partir de 16 ans qui veulent apprendre et/ou développer leurs compétences dans un métier donné peuvent demander à rejoindre une communauté de compagnons. La formation dure en moyenne cinq ans pendant lesquels l'apprenti change régulièrement de ville, en France et à l’étranger, pour découvrir divers types de savoirs et diverses méthodes de transmission de ces savoirs. Pour pouvoir transmettre son savoir, l'apprenti doit produire un « chef-d’œuvre » qui est examiné et évalué par les compagnons. Le compagnonnage est généralement perçu comme étant le dernier mouvement à pratiquer et enseigner certaines techniques professionnelles anciennes, à assurer une formation à l'excellence dans le métier, à lier étroitement développement de l'individu et apprentissage du métier et à pratiquer des rites d’initiation propres au métier. |
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Repas gastronomique des Français | 2010 | * pratiques sociales, rituels et événements festifs * traditions et expressions orales * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
Le repas gastronomique des Français est une pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes, tels que naissances, mariages, anniversaires, succès et retrouvailles. Il s'agit d'un repas festif dont les convives pratiquent, pour cette occasion, l'art du « bien manger » et du « bien boire ». Le repas gastronomique met l'accent sur le fait d'être bien ensemble, le plaisir du goût, l'harmonie entre l'être humain et les productions de la nature. Parmi ses composantes importantes figurent : le choix attentif des mets parmi un corpus de recettes qui ne cesse de s'enrichir ; l'achat de bons produits, de préférence locaux, dont les saveurs s’accordent bien ensemble ; le mariage entre mets et vins ; la décoration de la table ; et une gestuelle spécifique pendant la dégustation (humer et goûter ce qui est servi à table). Le repas gastronomique doit respecter un schéma bien arrêté : il commence par un apéritif et se termine par un digestif, avec entre les deux au moins quatre plats, à savoir une entrée, du poisson et/ou de la viande avec des légumes, du fromage et un dessert. Des personnes reconnues comme étant des gastronomes, qui possèdent une connaissance approfondie de la tradition et en préservent la mémoire, veillent à la pratique vivante des rites et contribuent ainsi à leur transmission orale et/ou écrite, aux jeunes générations en particulier. Le repas gastronomique resserre le cercle familial et amical et, plus généralement, renforce les liens sociaux. |
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6 Savoir-faire de la dentelle au point d’Alençon | 2010 | savoir-faire liés à l'artisanat traditionnel | Le point d'Alençon est une technique rare de production de dentelle à l’aiguille, pratiquée à Alençon en Normandie. La dentelle au point d'Alençon doit son caractère singulier au haut niveau de savoir-faire requis et au temps très long qu’il faut pour la produire (sept heures par centimètre carré). Les pièces de textile ajouré réalisées selon cette technique sont utilisées à des fins d’ornementation civile ou religieuse. La pièce est composée de motifs raccordés entre eux par un réseau très fin. Son exécution nécessite plusieurs étapes successives : le dessin et le piquage du motif sur le parchemin, la réalisation de la base des motifs et des mailles transparentes en arrière plan, puis les points représentatifs des décors, les remplis pour créer des ombres, diverses modes décoratives, et enfin les brodes pour donner le relief. Interviennent ensuite le levage pour détacher la dentelle du parchemin à l'aide d’une lame de rasoir, l'éboutage et enfin le luchage qui consiste à polir les remplis à l'aide d’une pince de homard. Chaque dentellière connaît toutes les étapes de réalisation de la dentelle et ce savoir ne peut être transmis que par l'apprentissage pratique. Pour maîtriser totalement la technique du point d'Alençon, il faut entre sept et dix ans de formation. L'apprentissage, qui suppose un lien étroit entre la dentellière spécialisée et l’apprentie, repose exclusivement sur la transmission orale et l’enseignement pratique. |
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7 Équitation de tradition française | 2011 | * art du spectacle * pratiques sociales, rituels et événements festifs * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel * traditions et expressions orales |
L'équitation de tradition française est un art de monter à cheval ayant comme caractéristique de mettre en relief une harmonie des relations entre l'homme et le cheval. Les principes et processus fondamentaux de l'éducation du cheval sont l’absence d'effets de force et de contraintes ainsi que des demandes harmonieuses de l'homme respectant le corps et l'humeur du cheval. La connaissance de l'animal (physiologie, psychologie et anatomie) et de la nature humaine (émotions et corps) est complétée par un état d'esprit alliant compétence et respect du cheval. La fluidité des mouvements et la flexibilité des articulations assurent que le cheval participe volontairement aux exercices. Bien que l'équitation de tradition française soit exercée dans toute la France et ailleurs, la communauté la plus connue est le Cadre Noir de Saumur, basé à l'École nationale d’équitation. Le dénominateur commun des cavaliers réside dans le souhait d'établir une relation étroite avec le cheval, dans le respect mutuel et visant à obtenir « la légèreté ». La coopération entre générations est solide, empreinte de respect pour l'expérience des cavaliers plus anciens et riche de l'enthousiasme des plus jeunes. La région de Saumur est également le foyer des enseignants, des éleveurs, des artisans (selliers, bottiers), des services vétérinaires et des maréchaux-ferrants. De fréquentes présentations publiques et des galas donnés par le Cadre Noir de Saumur contribuent à assurer la visibilité de l’équitation de tradition française. |
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8 Fest-noz de Bretagne | 2012 | * art du spectacle * pratiques sociales, rituels et événements festifs * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel * traditions et expressions orales |
Le fest-noz est un rassemblement festif basé sur la pratique collective des danses traditionnelles bretonnes, accompagnées de chants ou musiques instrumentales. Le fort mouvement culturel breton a préservé cette expression d'une pratique vivante et en perpétuel renouvellement de répertoires de danse hérités avec plusieurs centaines de variantes et des milliers d'airs. Environ un millier de fest-noz ont lieu tous les ans avec des fréquentations qui varient d'une centaine à plusieurs milliers de personnes, des milliers de musiciens et de chanteurs, et des dizaines de milliers de danseurs réguliers. Au-delà de la pratique de la danse, le fest-noz se caractérise par une intense convivialité entre chanteurs, musiciens et danseurs, une importante mixité sociale et intergénérationnelle et une ouverture aux autres. Traditionnellement, la transmission s'opère par immersion, observation et imitation, bien que des centaines de passionnés aient œuvré avec les détenteurs de traditions à recueillir les répertoires et jeter les bases de nouveaux modes de transmission. Aujourd'hui, le fest-noz est au centre d'un intense bouillonnement d’expériences musicales et a généré une véritable économie culturelle. De nombreuses rencontres ont lieu entre chanteurs, musiciens et danseurs de Bretagne et de diverses cultures. En outre, beaucoup de nouveaux habitants de villages bretons utilisent le fest-noz comme un moyen d'intégration, d'autant qu'il participe fortement au sentiment d'identité et de continuité des Bretons. |
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9 Ostensions septennales limousines | 2013 | pratiques sociales, rituels et événements festifs | Les ostensions septennales limousines consistent en de grandioses cérémonies et processions organisées tous les sept ans en vue de l'exposition et de la vénération de reliques de saints catholiques conservées dans des églises du Limousin. Largement soutenues par les villes et villages locaux, les festivités attirent un grand nombre de personnes qui se rassemblent pour voir les reliquaires défiler dans les villes accompagnés de drapeaux, de bannières, de décorations et de personnages historiques costumés. Les ostensions septennales appartiennent à toute la population du Limousin et les habitants, qu’ils soient chrétiens ou non, se considèrent comme les détenteurs de la tradition. Les confréries et les comités s'engagent activement dans la transmission (à la fois orale et écrite) des connaissances, des savoir-faire et des objets en lien avec cette pratique. La préparation des ostensions par les communes commence un an à l'avance et mobilise les connaissances et savoir-faire de nombreux artisans, ecclésiastiques locaux, élus, associations caritatives et bénévoles ainsi que des chorales, des orchestres et des groupes de musique qui font revivre la mémoire des ostensions. La préparation permet également de renforcer les liens sociaux tandis que les festivités favorisent l'intégration des nouveaux et des anciens habitants et sont l’occasion de réunions familiales, les membres partis vivre ailleurs revenant pour participer aux célébrations. Cette pratique se déroule dans 15 localités de la Haute-Vienne, 1 localité dans la Creuse, 2 localités en Charente et 1 localité dans la Vienne. |
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Fêtes du feu du solstice d'été dans les Pyrénées | 2015 | * traditions et expressions orales * pratiques sociales, rituels et événements festifs * connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers, * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
Les fêtes du feu du solstice d'été ont lieu dans les Pyrénées chaque année la même nuit, quand le soleil est à son zénith. À la nuit tombée, les habitants de différents villes et villages portent des flambeaux depuis le sommet des montagnes pour embraser des bûchers de construction traditionnelle. Pour les jeunes, la descente de la montagne est un moment très spécial signifiant le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Le festival est considéré comme un moment qui offre un temps pour la régénération des liens sociaux et le renforcement des sentiments d’appartenance, d’identité et de continuité, avec des célébrations qui comprennent des danses folkloriques et des repas communaux. Des rôles sont assignés à des personnes spécifiques. Dans certaines municipalités, le maire est impliqué dans la mise à feu du premier bûcher. Dans d’autres, un prêtre bénit ou allume le feu. Ailleurs, l’homme le plus récemment marié dans le village allume le feu et mène la descente dans les villages. Souvent, des jeunes filles célibataires attendent l’arrivée des porteurs de flambeaux dans les villages avec du vin et des pâtisseries. Dans la matinée, les gens collectent des braises ou des cendres pour protéger leurs foyers et leurs jardins. L'élément a des racines profondes au sein des communautés locales et se perpétue grâce à un réseau d’associations et d’institutions locales. Le lieu le plus important de transmission est la famille, où les gens gardent vivante la mémoire de ce patrimoine. En France, ces fêtes ont lieu dans 34 localités. |
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Fauconnerie, un patrimoine humain vivant Note
La France partage cette pratique avec l'Allemagne, l'Arabie saoudite, l'Autriche, la Belgique, les Émirats arabes unis, l'Espagne, la Hongrie, l'Italie, le Kazakhstan, le Maroc, la Mongolie, le Pakistan, le Portugal, le Qatar, la Syrie, la Corée du Sud et la Tchéquie. |
2016 | pratiques sociales, rituels et événements festifs | La fauconnerie est l'activité traditionnelle qui consiste à conserver et dresser des faucons et autres rapaces pour attraper du gibier dans son environnement naturel. Utilisée à l'origine comme moyen de se procurer de la nourriture, la fauconnerie s'identifie aujourd’hui à l'esprit de camaraderie et de partage plus qu’à la subsistance. On la trouve principalement le long des itinéraires et corridors de migration et elle est pratiquée par des amateurs et des professionnels de tous âges, hommes ou femmes. Les fauconniers développent une relation forte et un lien spirituel avec leurs oiseaux ; une forte implication est nécessaire pour élever, former, dresser et faire voler les faucons. La fauconnerie se transmet en tant que tradition culturelle par des moyens aussi variés que le mentorat, l’apprentissage au sein de la famille ou la formation plus formelle dans des clubs. Dans les pays chauds, les fauconniers emmènent leurs enfants dans le désert et leur apprennent à maîtriser l'oiseau et à établir une relation de confiance avec lui. Si les fauconniers sont d’origines très diverses, ils partagent des valeurs, des traditions et des pratiques communes notamment les méthodes d’entraînement des oiseaux et la façon de s’en occuper, l’équipement utilisé et le lien affectif entre le fauconnier et l’oiseau. La fauconnerie est le socle d’un patrimoine culturel plus large, qui inclut des costumes traditionnels, une alimentation, des chants, de la musique, de la poésie et des danses, autant de coutumes entretenues par les communautés et clubs qui la pratiquent. |
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10 | 2016 | * pratiques sociales, rituels et événements festifs * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
Le carnaval de Granville est une fête de quatre jours précédant Mardi-Gras, à laquelle participent les membres de la communauté et habitants des communes voisines. S’ouvrant avec la remise, par le maire, des clés de la cité au Roi carnaval (figure en papier mâché), il comporte des cavalcades de chars ponctuées de fanfares. Deux mille cinq-cents carnavaliers passent six mois à créer des modules et une quarantaine de chars, en s’inspirant, avec humour, de l’actualité, de personnalités politiques et de célébrités. Chaque carnavalier appartient à un comité représentant un quartier de la ville ou un groupe d’amis, de collègues ou de familles. Les services de la municipalité construisent également quelques chars et participent à la logistique. Des bals populaires sont organisés pour différentes classes d’âge, et la place de la mairie sert de cadre à une bataille de confetti. La fête s’achève par une nuit d’intrigues, où les carnavaliers costumés plaisantent avec des proches ou règlent leurs comptes, en toute impunité. Enfin, le roi est jugé et brûlé dans le port. Attirant 100 000 spectateurs chaque année, le carnaval de Granville contribue à l’unité de la communauté et confère un sentiment d’appartenance. Les connaissances se transmettent au sein des familles et des comités. |
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11 Les savoir-faire liés au parfum en Pays de Grasse : la culture de la plante à parfum, la connaissance des matières premières naturelles et leur transformation, l'art de composer le parfum | 2018 | savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel | Les savoir-faire liés au parfum en Pays de Grasse recouvrent trois aspects différents : la culture de la plante à parfum ; la connaissance des matières premières et leur transformation ; et l’art de composer le parfum. La pratique réunit de multiples groupes et communautés au sein de l’Association du patrimoine vivant du Pays de Grasse. Pratiquées depuis au moins le XVIe siècle, la culture des plantes à parfum et leur transformation ainsi que la création d’assemblages odorants se sont développées en Pays de Grasse dans un environnement artisanal longtemps dominé par la tannerie. La culture des plantes à parfum mobilise de multiples compétences et connaissances liées à la nature, aux sols, au climat, à la biologie, à la physiologie végétale et aux pratiques horticoles, ainsi qu’à des techniques spécifiques telles que les méthodes d’extraction et de distillation hydraulique. Les habitants de Grasse se sont approprié ces techniques et ont contribué à les perfectionner. Outre les compétences techniques, l’art fait également appel à l’imagination, la mémoire et la créativité. Le parfum tisse des liens sociaux et constitue une importante source de travail saisonnier. Les connaissances associées sont essentiellement transmises de façon informelle à travers un long apprentissage qui se déroule encore principalement au sein des parfumeries. Toutefois, au cours des dernières décennies, la normalisation de l’apprentissage s’est développée avec des enseignements formalisés. |
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L'art de la construction en pierre sèche : savoir-faire et techniques | 2018 | savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel | L’art de la construction en pierre sèche correspond au savoir-faire associé à la construction d’ouvrages en pierre en empilant les pierres les unes sur les autres sans utiliser aucun autre matériau, si ce n’est parfois de la terre sèche. Les structures en pierre sèche sont présentes dans la plupart des zones rurales – principalement sur des terrains accidentés – tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des espaces habités. Elles ne sont toutefois pas absentes des zones urbaines. La stabilité des structures est assurée par un choix et un placement soigneux des pierres. Les structures en pierre sèche ont façonné des paysages multiples et fort variés, permettant le développement de différents types d’habitats, d’agriculture et d’élevage. Ces structures témoignent des méthodes et pratiques utilisées par les populations depuis la préhistoire jusqu’à l’époque moderne pour organiser leurs espaces de vie et de travail en optimisant les ressources naturelles locales et humaines. Elles jouent un rôle essentiel pour empêcher les glissements de terrain, inondations et avalanches, lutter contre l’érosion et la désertification des terres, améliorer la biodiversité et créer des conditions microclimatiques adéquates pour l’agriculture. Les détenteurs et praticiens sont les communautés rurales dans lesquelles l’élément est profondément enraciné, ainsi que les professionnels du secteur de la construction. Les structures en pierre sèche sont toujours réalisées en parfaite harmonie avec l’environnement et la technique est représentative d’une relation harmonieuse entre les êtres humains et la nature. La pratique est principalement transmise à travers une application pratique adaptée aux conditions propres à chaque lieu. |
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L'alpinisme | 2019 | L’alpinisme est l’art de gravir des sommets et des parois en haute montagne, en toutes saisons, en terrain rocheux ou glaciaire. Il fait appel à des capacités physiques, techniques et intellectuelles et se pratique en utilisant des techniques adaptées, du matériel et des outils très spécifiques comme les piolets et les crampons. Il s’agit d’une pratique physique traditionnelle qui se caractérise par une culture partagée, regroupant la connaissance de l’environnement de la haute montagne, l’histoire de la pratique et des valeurs qui lui sont associées, et des savoir-faire spécifiques. L’alpinisme requiert également des connaissances sur l’environnement, les conditions climatiques changeantes et les risques naturels. Il s’appuie aussi sur des références esthétiques, les alpinistes étant attachés à l’élégance du geste dans l’ascension, à la contemplation des paysages et à la communion avec les milieux naturels traversés. La pratique mobilise en outre des principes éthiques reposant sur les engagements de chacun, notamment à ne laisser aucune trace de son passage et à porter secours aux autres praticiens. L’esprit d’équipe, symbolisé par la cordée, est un autre élément essentiel de la mentalité des alpinistes. La plupart des membres de la communauté appartiennent à des clubs alpins, qui diffusent les pratiques alpines dans le monde entier. Ces clubs organisent des sorties collectives, fournissent des informations pratiques et contribuent à diverses publications. Ce sont donc des vecteurs de la culture de l’alpinisme. Depuis le XXe siècle, les clubs alpins des trois pays cultivent des liens d’amitié en organisant fréquemment des rencontres bilatérales ou trilatérales à divers niveaux. |
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L'art musical des sonneurs de trompe, une technique instrumentale liée au chant, à la maîtrise du souffle, au vibrato, à la résonance des lieux et à la convivialité Note
La France partage cette pratique avec la Belgique, l'Italie et le Luxembourg. |
2020 | * arts du spectacle * pratiques sociales, rituels et événements festifs |
L’art musical des sonneurs de trompe, une technique instrumentale liée au chant, à la maîtrise du souffle, au vibrato, à la résonance des lieux et à la convivialité rassemble les techniques et compétences qu’un sonneur mobilise pour jouer de la trompe. La justesse et la qualité des notes produites sont influencées par le souffle du musicien et la technique instrumentale est fondée sur la maîtrise corporelle du sonneur. Le timbre de l’instrument est clair et perçant, surtout dans les aigus et la gamme sonore de l’instrument est fondée sur la résonance naturelle aux riches harmoniques. De douze notes, sa tessiture autorise une composition avec une mélodie de chant, accompagnée d’une seconde voix et harmonisée avec une partition de basse. Partie intégrante de l’art de la trompe, le chant permet au musicien de développer la cohésion et la convivialité. La sonnerie de trompe est un art performatif, ouvert à la créativité musicale et pratiqué lors des moments festifs. Rassemblés par leur fascination commune pour cette musique instrumentale, les sonneurs proviennent de tous les milieux socio-culturels. Cette très grande mixité sociale est l’un des marqueurs de la pratique actuelle de la trompe. L’éducation à la pratique est traditionnellement orale et imitative. Toutefois, les sonneurs apprennent rarement seuls : la pratique musicale s’acquiert souvent dans le cadre des « écoles de trompe ». La musique de trompe maintient un vaste répertoire musical vivant et dynamique qui n’a jamais cessé de s’enrichir depuis le dix-septième siècle. Le sentiment d’appartenance et de continuité procède de l’interprétation d’un répertoire commun, en partie hérité de l’histoire et qui favorise le dialogue interculturel et international. |
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L'art de la perle de verre Note
La France partage cette pratique avec l'Italie. |
2020 | * Connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers * Savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel * Traditions et expressions orales |
L’art de la perle de verre est étroitement lié à la richesse des connaissances et à la maîtrise d’une matière, le verre, et d’un élément, le feu. Cet art recouvre des connaissances spécifiques et des savoir-faire partagés, renvoie à des procédés et des outils traditionnels particuliers et inclut différentes étapes. En Italie, les savoir-faire techniques liés à la fabrication revêtent deux formes : 1) les perles a lume (au chalumeau) et 2) les perles da canna, réalisées en sectionnant, adoucissant et polissant une canne creuse. En France les perles en verre plein sont réalisées au chalumeau et, par rotation et par gravité du verre chaud, prennent une forme ronde. Quant aux perles creuses, elles sont élaborées soit sur un mandrin, soit en soufflant dans une canne creuse. L’élaboration plus complexe des murrines, qu’on retrouve dans les deux États, consiste à assembler autour d’un noyau des cannes de verre multicolores. Les perles sont ensuite décorées et utilisées de diverses manières. Dans les deux États parties, la pratique se transmet surtout de manière informelle dans des ateliers où les apprentis acquièrent les savoirs principalement par l’observation, l’expérimentation et la répétition des gestes, sous le regard vigilant des artisans experts. La transmission peut également se faire dans le cadre d’enseignements formels dispensés par des établissements techniques. Les cadeaux faits de perles de verre marquent certains événements et certaines occasions sociales. Vecteur de promotion de la cohésion sociale, la pratique valorise également la dextérité manuelle et l’artisanat. Les détenteurs et les praticiens se reconnaissent dans une identité collective faite de souvenirs et d’espaces partagés. |
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Les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d'art Note
La France partage cette pratique avec la Suisse. |
2020 | savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel | À la croisée des sciences, des arts et de la technique, les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art permettent de créer des objets d’horlogerie destinés à mesurer et indiquer le temps (montres, pendules, horloges et chronomètres), des automates d’art et des androïdes mécaniques, des sculptures et des tableaux animés, des boîtes à musique et des oiseaux chanteurs. Ces objets techniques et artistiques comportent un dispositif mécanique permettant de générer des mouvements ou d’émettre des sons. Si les mécanismes sont généralement cachés, ils peuvent également être visibles, et cela contribue à la dimension poétique et émotionnelle de ces objets. L’Arc jurassien est une région dans lequel l’artisanat demeure particulièrement vivant, grâce à la présence d’artisans hautement qualifiés et d’entreprises qui contribuent à la valorisation des savoir-faire, ainsi qu’à la mise en place d’une offre de formation complète. Historiquement, des familles entières exerçaient cette pratique, développant des méthodes d’apprentissage mais aussi des alliances professionnelles et familiales. L’apprentissage des savoir-faire débute généralement dans des écoles de formation. Aujourd’hui, des blogs, des forums, des tutoriels en ligne et des projets collaboratifs ouverts permettent à des praticiens de partager leurs savoir-faire. Ces savoir-faire ont une fonction économique, mais ils ont aussi façonné l’architecture, l’urbanisme et la réalité sociale quotidienne des régions concernées. La pratique véhicule de nombreuses valeurs telles que le goût du travail bien fait, la ponctualité, la persévérance, la créativité, la dextérité et la patience. Par ailleurs, la quête infinie de précision et l’aspect intangible de la mesure du temps donnent à cette pratique une forte dimension philosophique. |
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