Cet article recense les pratiques inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO en Indonésie.
Comprendre
modifierLe pays compte cinq pratiques reprises sur la « liste représentative du patrimoine culturel immatériel » de l'UNESCO et deux pratiques sur la « liste de sauvegarde d'urgence ». Une pratique est également reprise dans le « registre des meilleures pratiques de sauvegarde de la culture ».
Listes
modifierListe représentative
modifierPratique | Année | Domaine | Description | Illustration |
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Le Kris indonésien | Le kris, ou keris, est une dague asymétrique, caractéristique de l’Indonésie. À la fois arme et objet spirituel, il est considéré comme ayant des pouvoirs magiques. Les plus anciens kris connus remontent au dixième siècle. Probablement originaires de Java, ils se sont répandus dans toute l’Asie du Sud-Est. Le kris possède habituellement une lame étroite avec une large base asymétrique. Le fourreau est souvent en bois, bien que l’on trouve de nombreux spécimens en ivoire et même en or. Le kris tire sa valeur esthétique de son dhapur (forme et motif de la lame dont il existe une quarantaine de variantes), de son pamor (effet décoratif produit sur la lame par l’alliage de métaux, avec près de 120 variantes) et de son tangguh qui indique son âge et son origine. Un forgeron, ou empu, fabrique les lames en superposant en couches différents minerais de fer et de nickel météoritique. Pour les lames de très grande qualité, le métal est plié des douzaines, voire des centaines de fois, et manipulé avec une extrême précision. Les empu sont des artisans très respectés qui possèdent en plus des connaissances en littérature, en histoire et en sciences occultes. Transmis de génération en génération, le kris était porté aussi bien par les hommes que par les femmes, dans la vie quotidienne et lors de cérémonies spéciales. Une spiritualité et une mythologie très riches se sont développées autour de cette dague. Les kris sont à la fois des objets que l’on expose, des talismans dotés de pouvoirs magiques, des armes, un héritage sacré, un équipement auxiliaire pour les soldats de la cour, un accessoire des tenues de cérémonie, un indicateur de statut social ou encore un symbole d’héroïsme. Depuis une trentaine d’années, les kris ont quelque peu perdu de leur signification sociale et spirituelle dans la société. Si l’on trouve encore sur de nombreuses îles des empu actifs et respectés qui fabriquent des kris de qualité selon la méthode traditionnelle, leur nombre diminue de façon dramatique. Il leur est en outre de plus en plus difficile de trouver des successeurs à qui transmettre leur savoir-faire. |
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Le théâtre de marionnettes wayang | Réputée pour ses marionnettes ouvragées et la complexité de ses styles musicaux, cette forme ancienne de narration a vu le jour sur l’île indonésienne de Java. Pendant dix siècles, le wayang s’est épanoui dans les cours royales de Java et de Bali, ainsi qu’en milieu rural. Il s’est répandu dans d’autres îles (Lombok, Madura, Sumatra et Bornéo) où divers styles locaux d’interprétation et d’accompagnement musical se sont développés. Si ces marionnettes fabriquées artisanalement avec minutie sont de tailles, de formes et de styles variables, deux grands types dominent: la marionnette en bois en trois dimensions (wayang klitik ou golèk) et la marionnette de théâtre d’ombre, plate, découpée dans du cuir (wayang kulit) et dont la silhouette est projetée en ombre chinoise sur un écran. Les deux types se distinguent par leurs costumes, leurs traits de visage et leurs corps articulés. Le dalang, maître marionnettiste, manipule les bras à l’aide de fines baguettes fixées aux marionnettes. Des chanteurs interprètent des mélodies complexes en s’accompagnant d’instruments en bronze et de gamelan (tambours). Les marionnettistes étaient autrefois considérés comme des hommes de lettres cultivés qui transmettaient les valeurs morales et esthétiques à travers leur art. Les paroles et les actions des personnages comiques représentant « l’homme ordinaire » constituaient d’efficaces artifices pour critiquer les problèmes sociaux et politiques. C’est sans doute à ce rôle particulier que le wayang doit sa survie au fil des siècles. Les récits empruntent leurs personnages aux mythes indigènes, aux épopées indiennes et aux contes persans. Le répertoire et les techniques d’interprétation étaient transmis oralement au sein des familles de marionnettistes, de musiciens et de confectionneurs de marionnettes. Les dalang doivent être capables de mémoriser un vaste répertoire d’histoires, déclamer des passages de récits anciens et chanter des chants poétiques avec esprit et inventivité. Le théâtre de marionnettes wayang reste très prisé du public. Mais pour pallier la concurrence de formes contemporaines de divertissement comme la vidéo, la télévision ou le karaoké, les marionnettistes ont tendance à exagérer les scènes comiques au détriment du fil de l’histoire et à remplacer l’accompagnement musical par de la musique pop, contribuant à altérer certaines des caractéristiques de la tradition. |
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Le Batik indonésien | Les traditions orales
Les pratiques sociales Les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
Les techniques, le symbolisme et la culture qui sont associés au Batik indonésien, tissu en coton et soie teint à la main, jalonnent la vie des Indonésiens du début de leur existence jusqu’à leur mort : les nourrissons sont transportés dans de grandes écharpes en batik spécialement nouées et ornées de symboles destinés à leur porter chance, tandis que les défunts sont drapés dans des linceuls en batik. Les tissus décorés de dessins adaptés à la vie de tous les jours sont couramment portés dans les milieux professionnels et universitaires ; pour les mariages, les femmes enceintes, les théâtres de marionnettes et d’autres formes d’expression artistique, des variantes spécialement décorées sont créées. Les vêtements jouent même un rôle central dans certains rituels, telles ces cérémonies d’offrandes où l’on jette du batik royal dans le cratère d’un volcan. Le batik est teint par des artisans, fiers de dessiner des modèles sur le tissu en traçant des lignes et des points avec de la cire chaude ; celle-ci résiste à la teinture végétale et aux autres teintures, ce qui permet à l’artisan de sélectionner différentes couleurs en trempant l’étoffe dans une teinture, puis en enlevant la cire avec de l’eau chaude et en renouvelant l’opération avec une autre couleur autant de fois que l’on souhaite. La grande diversité des motifs reflète la variété des influences, depuis la calligraphie arabe, l’art floral européen, jusqu’aux phénix chinois en passant par les fleurs de cerisiers japonais et les paons indiens ou persans. Souvent transmis de génération en génération au sein des familles, l’art du batik est intimement mêlé à l’identité culturelle du peuple indonésien et en exprime la créativité et la spiritualité, au travers des significations symboliques de ses couleurs et dessins. |
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L’Angklung indonésien | Les tradition et expression orales
Les arts du spectacle Les coutumes, rituels et célébrations Les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers Les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
L’Angklung est un instrument de musique indonésien composé de deux à quatre tubes de bambou disposés verticalement dans une structure en bambou et attachés avec des cordes en rotin. Les tubes sont taillés et découpés avec soin par un maître artisan pour produire certaines notes quand on secoue ou on frappe le cadre en bambou. Chaque Angklung émet une note ou un accord unique, si bien que plusieurs joueurs doivent collaborer pour exécuter des mélodies. L’Angklung traditionnel utilise l’échelle pentatonique, mais en 1938 le musicien Daeng Soetigna a introduit un Angklung utilisant l’échelle diatonique, connu sous le nom de angklung padaeng. Étroitement lié aux coutumes traditionnelles, aux arts et à l’identité culturelle en Indonésie, l’Angklung se joue au cours de cérémonies comme la plantation du riz, la récolte ou encore la circoncision. La récolte du bambou noir spécial pour l’Angklung se pratique durant les deux semaines de l’année où chantent les cigales, et le bambou est taillé au moins à trois segments du sol pour que ses racines continuent de s’étendre. L’enseignement de l’Angklung se transmet oralement de génération en génération, et de plus en plus dans les établissements scolaires. En raison de la nature de la musique de l’Angklung qui se joue en collaboration, sa pratique favorise la coopération et le respect mutuel entre les joueurs, ainsi que la discipline, le sens des responsabilités, la concentration, le développement de l’imagination et de la mémoire, ainsi que le sens artistique et musical. |
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1 Trois genres de danse traditionnelle à Bali | Les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel
Les arts du spectacle Les pratiques sociales, rituels et événements festifs Les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers Les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
Il existe trois genre de danses traditionnelles à Bali – sacrée, semi-sacrée et celles qui sont destinées au divertissement des communautés en général. Les danseurs et danseuses de danses traditionnelles balinaises sont vêtus de costumes traditionnels composés d’étoffes de couleurs vives et ornés de motifs dorés peints représentant des animaux et des fleurs. À cette tenue vestimentaire s’ajoutent des bijoux et différents accessoires recouverts de feuilles d’or. Les danses s’inspirent de la nature et symbolisent des traditions, des coutumes et des valeurs religieuses particulières. Elles combinent une variété de différents mouvements comprenant la posture de base, les genoux tournés vers l’extérieur et le ventre rentré, les mouvements locomoteurs exécutés dans des directions et à des tempos différents, les mouvements de transition ponctués de changements dynamiques et enfin, les expressions faciales dont les mouvements oculaires expriment tour à tour le bonheur, la tristesse, la colère, la peur, l’amour. Les danses sont accompagnées par un gamelan. Tout danseur doit, en plus de sa maîtrise technique, faire preuve d’humilité et de discipline et posséder du charisme et une énergie spirituelle particulière qui donne vie au spectacle. Dans les communautés balinaises, les danses sont principalement transmises aux enfants en groupe de façon informelle, dès leur plus jeune âge. La formation commence par l’enseignement des positions et des mouvements de danse élémentaires, puis de chorégraphies plus complexes. Les cours durent jusqu’à ce que les élèves mémorisent la séquence de mouvements d’une danse donnée. Les danses traditionnelles balinaises procurent à leurs participants un fort sentiment d’identité culturelle fondé sur la prise de conscience qu’ils ont de sauvegarder le patrimoine culturel de leurs ancêtres. |
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Le pantun Note
L'Indonésie partage cette pratique avec la Malaisie. |
2020 | * Arts du spectacle * Pratiques sociales, rituels et événements festifs * Traditions et expressions orales * Connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers |
Le pantun est une forme de poésie malaise qui permet d’exprimer des idées et des émotions complexes. C’est la forme d’expression orale la plus répandue en Asie du Sud-Est maritime, employée dans de nombreux secteurs de la région depuis au moins 500 ans. Le pantun suit le rythme a-b-a-b. La forme à quatre vers est la plus populaire. Le pantun peut être transmis en musique, en chanson ou à l’écrit. Plus de soixante-dix pour cent des compositions expriment l’amour pour son/sa partenaire, sa famille, la communauté ou la nature. Les vers peuvent être déclamés à l’occasion de mariages, de rites coutumiers et de cérémonies officielles. Le pantun représente un moyen plus acceptable socialement de s’exprimer de manière indirecte en étant courtois. Il s’agit également d’un instrument de morale car ses vers comprennent souvent des valeurs religieuses et culturelles telles que la retenue, le respect, la bonté et l’humilité. Le pantun joue également un rôle diplomatique pour la résolution des conflits car il permet de parler de sujets importants avec une certaine sensibilité. Il fait également l’éloge de l’harmonie avec la nature et de la souplesse dans les relations humaines. Le pantun est enseigné de façon formelle dans les écoles et les ateliers à vocation artistique et par des moyens informels. |
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Registre des meilleures pratiques de sauvegarde
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2 Éducation et formation au patrimoine culturel du batik indonésien à destination des étudiants des écoles élémentaires, secondaires, supérieures, professionnelles et polytechniques en collaboration avec le Musée du Batik de Pekalongan | Les traditions orales
Les pratiques sociales Les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
Le Batik indonésien est un tissu traditionnel fait à la main et qui ne déteint pas, riche en valeurs culturelles immatérielles, transmis de génération en génération depuis le début du dix-neuvième siècle à Java et ailleurs. La communauté qui fabrique le batik a noté que l’intérêt de la jeune génération pour le batik déclinait et a ressenti le besoin d’augmenter les efforts pour transmettre le patrimoine culturel lié au batik pour garantir sa sauvegarde. Ainsi, l’objectif principal du programme est de sensibiliser et apprécier le patrimoine culturel du batik indonésien, y compris son histoire, ses valeurs culturelles et ses savoir-faire traditionnels parmi la jeune génération. La loi n 20 de 2003 permet d’inclure la culture du batik dans des programmes scolaires en tant que « contenu local » dans des régions ayant le patrimoine culturel du batik, telles que la ville de Pekalongan. Le Musée du Batik a initié le programme en 2005, en étroite coopération avec les autorités éducatives de la ville et il continue à s’étendre au district de Pekalongan et des districts voisins de Batang, Pemalang et Tegal. Ce programme, dont l’efficacité a été démontrée par des évaluations, constitue un effort en vue de (a) sauvegarder le patrimoine culturel immatériel en assurant sa transmission à la génération suivante, (b) assurer le respect pour le patrimoine culturel immatériel en donnant au Batik indonésien une place respectable comme contenu local dans les programmes scolaires des divers niveaux de l’éducation formelle, à commencer par les écoles élémentaires, secondaires, supérieures, professionnelles et polytechniques et (c) sensibiliser à l’importance du patrimoine culturel immatériel au niveau local, national et, avec optimisme, international. |
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Liste de sauvegarde d'urgence
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La danse Saman | Les arts du spectacle
La tradition orale Les traditions et coutumes La connaissance de la nature Le savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
La danse Saman fait partie du patrimoine culturel des Gayo de la province d’Aceh, à Sumatra. Des garçons et des jeunes hommes l’interprètent assis sur leurs talons ou agenouillés en rangs serrés. Chacun porte un costume noir brodé de motifs gayo colorés symbolisant la nature et de nobles valeurs. Leur chef s’assoit au milieu de la rangée et chante des vers, essentiellement dans la langue gayo. Ces vers dispensent des conseils et peuvent être de nature religieuse, romantique ou humoristique. Les danseurs tapent dans leurs mains, se martèlent la poitrine et les cuisses, frappent le sol, claquent des doigts, balancent et tournent leur corps et leur tête en suivant un rythme changeant – soit à l’unisson, soit à contretemps par rapport aux danseurs en face d’eux. Ces mouvements symbolisent la vie quotidienne des Gayo ainsi que leur environnement naturel. Le Saman est exécuté lors de fêtes nationales et religieuses pour cimenter les relations entre les groupes de villageois, qui s’invitent mutuellement pour les spectacles. Sa pratique devient moins fréquente cependant et sa transmission décline. Parmi les chefs maîtrisant le Saman, beaucoup sont aujourd’hui âgés et n’ont pas de successeurs. Les jeux de village, qui permettent une transmission informelle de cette danse, sont remplacés par dD’autres formes de divertissement et de nouveaux jeux ont remplacé la trasmission informelle de cette danse, et de nombreux jeunes quittent la région pour poursuivre leurs études. Le manque d’argent représente aussi une contrainte, les costumes et l’exécution de la danse impliquant des frais considérables. |
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Le noken, sac multifonctionnel noué ou tissé, artisanat du peuple de Papouasie | Les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel
Les arts du spectacle Les pratiques sociales, rituels et événements festifs Les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers Les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
Le noken est un sac noué ou tissé à la main à partir de fibre de bois ou de feuilles par les communautés des provinces indonésiennes de Papouasie et de Papouasie occidentale. Les hommes et les femmes s’en servent pour transporter le produit des plantations, la pêche maritime ou lacustre, le bois de chauffe, les bébés ou les petits animaux, ainsi que pour faire les courses et ranger des affaires à la maison. Le noken peut aussi se porter souvent à l’occasion de fêtes traditionnelles ou être offert en signe de paix. La méthode de fabrication du noken varie selon les communautés mais, en général, on coupe les branches, les tiges ou l’écorce de petits arbres ou d’arbustes qu’on met sur le feu et qu’on fait tremper dans l’eau. La fibre de bois qui reste est séchée, puis tournée pour obtenir un gros fil ou de la ficelle qu’on colore parfois avec des teintures naturelles. Cette ficelle est nouée à la main pour réaliser des filets de différents points et modèles. Le procédé requiert une grande dextérité manuelle, de l’attention et un sens artistique, et prend plusieurs mois à maîtriser. Néanmoins, le nombre de personnes qui fabriquent et utilisent le noken est en train de se réduire. Les facteurs qui menacent sa survie sont la prise de conscience insuffisante, l’affaiblissement de la transmission traditionnelle, le déclin du nombre d’artisans, la concurrence des sacs industriels, les problèmes d’approvisionnement facile et rapide en matières premières traditionnelles et l’évolution des valeurs culturelles du noken. |
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