Patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO > Patrimoine culturel immatériel au Venezuela

Cet article recense les pratiques inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO au Venezuela.

Comprendre modifier

Le pays compte cinq pratiques reprisent sur la « liste représentative du patrimoine culturel immatériel », deux pratiques sur la « liste de sauvegarde d'urgence » et une pratique reprise dans le « registre des meilleures pratiques de sauvegarde de la culture » de l'UNESCO.

Listes modifier

Liste représentative modifier

Pratique Année Domaine Description Illustration
Les diables danseurs de Corpus Christi du Venezuela 2012 Pratiques sociales, rituels et événements festifs Les petites communautés de la région côtière du centre du Venezuela ont une façon particulière de célébrer la Fête du Corpus Christi, fête catholique romaine annuelle commémorant la présence du Christ dans le sacrement. Des groupes d’adultes, de jeunes hommes et d’enfants déguisés en diables masqués dansent vers l’arrière en attitude pénitente tandis qu’une autorité de l’Église catholique s’avance avec le Saint Sacrement. Des instruments à cordes et percussion offrent un accompagnement musical et les fidèles portent des maracas pour éloigner les esprits maléfiques. Au sommet de la célébration, les diables se rendent au Saint Sacrement, symbolisant le triomphe du Bien sur le Mal. Les danseurs ou promeseros (prometteurs) sont membres à vie d’une confrérie qui transmet la mémoire historique et les traditions ancestrales. Chaque confrérie fabrique ses propres masques de diable qui se portent avec des croix, des scapulaires et des palmes bénites. Les danseurs utilisent aussi des cloches, des foulards et des rubans de protection contre les esprits maléfiques. Les femmes veillent à la préparation spirituelle des enfants, organisent les phases du rituel, préparent la nourriture, prêtent leur appui aux danses et élèvent des autels sur le chemin de la procession; ces dernières années, certaines communautés ont commencé à les accueillir comme danseuses. La pratique est imprégnée de créativité, d’organisation et de foi, et promeut un sens aigu de l’identité communautaire et culturelle.  


La parranda de San Pedro de Guarenas et Guatire 2013 Arts du spectacle Chaque année, dans les petites villes de Guarenas et de Guatire, les fidèles de saint Pierre l’Apôtre célèbrent le jour de Saint-Pierre par une série de fêtes et de rituels populaires. Une image de saint Pierre est conservée dans chaque église de la ville tandis que les participants chantent des airs populaires. À minuit, après avoir assisté à la messe, les participants sortent l’image de l’église et parcourent les rues de la ville. Le cœur de cette fête est la mise en scène de l’histoire de l’esclave María Ignacia, dont la fille aurait été guérie par le saint. Les "parranderos" endossent les rôles clés de cette histoire et portent des costumes colorés et minutieusement confectionnés, qui représentent chacun un personnage différent. D’autres participants portent des drapeaux et des banderoles, dansent, jouent des instruments de musique, chantent et improvisent des airs populaires. Les femmes y participent en organisant des ateliers pour préparer et former les jeunes générations ; elles sont également chargées de décorer l’église, d’habiller le saint et de cuisiner des plats traditionnels. Pendant le festival, les danseurs, leurs familles, les voisins et les autres adultes et enfants de la communauté se rassemblent pour partager et vivre des moments de joie et de convivialité. Chaque rassemblement sert à célébrer l’esprit de la communauté, l’énergie et la joie des danseurs, ainsi que la vitalité d’une tradition qui symbolise et permet de renforcer la lutte contre l’injustice et les inégalités.  


Les connaissances et technologies traditionnelles liées à la culture et à la transformation de la curagua 2015 Connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers
* Savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel
Les connaissances et technologies traditionnelles liées à la culture et à la transformation de la curagua englobent toute une série de pratiques qui portent sur la façon de cultiver cette plante et d’en extraire les fibres blanches, qui se caractérisent par leur solidité, leur durabilité et leur douceur. Les fibres sont tissées en fils pour fabriquer toute une gamme d’objets artisanaux, comme des hamacs, l’emblème traditionnel de la région. Ce sont généralement les hommes qui extraient et préparent les fibres de curagua, car ces activités exigent une grande force. Les femmes se chargent ensuite du tissage et de la fabrication des produits artisanaux. La pratique joue un rôle important dans le façonnage de l’identité des communautés vivant dans la municipalité d’Aguasay. Elle fonctionne comme un mécanisme de cohésion sociale qui transcende les barrières de genre, d’origine ethnique ou socio-culturelle. Elle favorise diverses formes de coopération au sein des communautés et entre elles et les structures familiales, dans lesquelles les femmes assument un rôle important dans le travail créatif et la génération de revenus pour la famille. Les connaissances et les savoir-faire sont transmis d’une génération à l’autre, principalement à travers la tradition orale ainsi que par l’observation et l’imitation parmi les membres d’une même famille.  


1 Le carnaval d’El Callao, représentation festive d’une mémoire et d’une identité culturelle 2016 Pratiques sociales, rituels et événements festifs
* Arts du spectacle
Le carnaval d’El Callao, pratiqué dans des communautés de la République bolivarienne du Venezuela, est associé aux célébrations d’émancipation (Cannes Brulées) qui se déroulent dans les îles francophones des Caraïbes. De janvier à mars, cette pratique traditionnelle réunit jusqu’à 3 000 personnes qui défilent dans les rues de la ville déguisées en personnages historiques ou imaginaires, accompagnées de musique calypso, de concerts et de danses. Les parades sont menées par les Madamas (piliers de l’identité callaoense et représentant les demoiselles antillaises qui communiquent les valeurs, elles dansent et sont vêtues de robes colorées), les Medio-Pintos (jeunes qui amusent le public en badigeonnant de suie les personnes qui refusent de donner une pièce), les Mineros (mineurs) et les Diablos (personnes qui portent des masques, dansent et brandissent un fouet pour faire régner l’ordre). D’autres enfants et adultes déguisés y participent. Le carnaval met en avant l’histoire des Callaoenses et leur diversité, en célébrant leur héritage afro-antillais et les influences d’autres communautés ; il renforce leur identité culturelle, favorise l’unité et encourage les jeunes générations à découvrir leur patrimoine. La transmission intergénérationnelle de cette pratique se fait essentiellement dans les familles et les écoles dirigées par des détenteurs de la tradition, où les enfants acquièrent le savoir-faire nécessaire pour participer au carnaval, soit par la composition de mélodies ou la pratique d’un instrument, soit par le chant et la danse ou encore la confection de masques.  


Le cycle des festivités autour de la vénération et du culte de Saint Jean-Baptiste 2021 * Pratiques sociales, rituels et événements festifs
* Traditions et expressions orales
Les célébrations vénézuéliennes de la Saint-Jean-Baptiste présentent des pratiques et des connaissances nées au XVIIIe siècle dans les communautés afro-vénézuéliennes associées à d’anciens domaines coloniaux. Dès le début, les festivités ont été fortement influencées par le catholicisme, mais elles sont également riches en expressions verbales, musicales et physiques liées à l’Afrique subsaharienne. Pour les adeptes, appelés Sanjuaneros, la célébration est un symbole de résistance culturelle et de liberté, et un moyen de se souvenir de leurs ancêtres asservis. Dans de nombreuses communautés, les festivités commencent au début du mois de mai. Ils se caractérisent par des tambours joyeux, des danses, des contes et des chants et par des processions avec une statue de Saint Jean-Baptiste. Chaque communauté possède sa propre forme de danse et de chant. Les dates exactes des festivités varient d’une région à l’autre, mais les dates les plus importantes sont les 23 et 24 juin. Le 23 juin, les Sanjuaneros se rencontrent avec des amis et se rendent dans les églises et les casas (« maisons ») de Saint Jean-Baptiste. Le 24 juin, l’image du saint est baptisée dans la rivière locale pour commémorer l’événement biblique. De nombreux fidèles vont également dans la rivière pour être bénis par le saint. Bien que la fin du cycle varie, dans la plupart des lieux les célébrations se terminent le 16 juillet. Les pratiques et les connaissances sont transmises au sein des familles et à travers les groupes communautaires et les écoles.  


Registre des meilleures pratiques de sauvegarde modifier

Pratique Année Domaine Description Illustration
Le programme bioculturel pour la sauvegarde de la tradition du palmier béni au Venezuela 2019 Les activités associées au programme bioculturel pour la sauvegarde de la tradition du palmier béni au Venezuela portent notamment sur la collecte de feuilles de plusieurs espèces de palmiers dans un secteur montagneux bien défini. Après avoir été bénis lors d’une cérémonie religieuse, les « palmeros » gravissent la montagne où ils vont passer plusieurs nuits et pratiquent différentes activités. Ils racontent des histoires, s’arrêtent à des endroits précis comme s’ils faisaient un Chemin de croix, entretiennent les sentiers, plantent des palmiers et les taillent. Les palmes ainsi obtenues sont bénies pendant la Semaine sainte et distribuées aux différentes communautés. Il y a trois décennies, cette tradition était en voie de disparition car les palmeros ne disposaient d’aucun plan de reforestation, et les responsables des parcs nationaux commençaient à les considérer comme une menace pour l’environnement. Conscients de la nécessité de modifier le mode de collecte des palmes, les palmeros ont donc décidé d’élaguer les arbres plutôt que de les couper. Plusieurs mesures innovantes ont été élaborées dans le cadre du programme bioculturel, notamment des projets éducatifs à l’intention des jeunes et des activités culturelles proposées à l’ensemble de la communauté. Le programme bioculturel a encouragé des centaines d’enfants et de jeunes à s’impliquer, et ses aspects éducatifs en font un modèle à suivre pour les autres communautés qui récoltent du palmier béni pendant la Semaine sainte, ou qui se livrent à tout autre pratique du patrimoine vivant mettant en jeu les liens entre la culture et la nature.  


Liste de sauvegarde d'urgence modifier

Pratique Année Domaine Description Illustration
2 La tradition orale Mapoyo et ses points de référence symboliques dans leur territoire ancestral 2014 * Traditions et expressions orales
* Connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers
La tradition orale des Mapoyos et ses points de référence symboliques sur le territoire ancestral englobent un corpus narratif constituant la mémoire collective du peuple mapoyo. Elle est symboliquement et indissolublement liée à un certain nombre de sites sur le territoire ancestral, le long de l’Orénoque en Guyane vénézuélienne. Les détenteurs de la tradition racontent les récits pendant leurs activités quotidiennes. L’espace symbolique qui résulte de cette interaction est devenu la référence d’une histoire vivante reliant les Mapoyos à leur passé et leur territoire. La tradition touche à la structure sociale, aux connaissances, à la cosmogonie et aux histoires qui ont légitimé l’action des Mapoyos dans la naissance de la république vénézuélienne. Les anciens de la communauté sont désormais les principaux dépositaires des traditions orales des Mapoyos et de leur symbolisme. Plusieurs facteurs menacent toutefois la transmission aux nouvelles générations : l’émigration des jeunes aspirant à de meilleures opportunités éducatives et économiques, l’expansion des industries minières et l’exposition des jeunes à l’éducation publique formelle qui affaiblit l’utilisation de la langue mapoyo.  


Les chants de travail de llano colombo-vénézuéliens
Note

Le Venezuela partage cette pratique avec la Colombie.

2017 * Connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers
* Pratiques sociales, rituels et événements festifs
* Traditions et expressions orales
Les chants de travail de llano colombo-vénézuéliens sont une pratique de communication vocale fondée sur des mélodies chantées individuellement, a capella, autour des thèmes de la conduite des troupeaux et de la traite. La pratique est née des relations étroites qu’entretiennent les communautés avec le bétail et les chevaux. Elle se développe en harmonie avec les conditions environnementales et la dynamique de la nature, faisant ainsi partie du système d’élevage traditionnel des Llanos. Transmis oralement dès l’enfance, les chants sont les recueils des histoires individuelles et collectives des llaneros. Peu à peu les chants de travail de llano ont subi l’influence des processus économiques, politiques et sociaux qui, en modifiant l’univers culturel des llaneros, ont considérablement affaibli la pratique. Par exemple, les ambitieux plans gouvernementaux conçus dans une perspective développementale ont conduit à de profonds changements dans l’utilisation de la terre et dans les systèmes de propriété, et la transformation des sites sociaux, culturels et naturels où ces chants étaient interprétés a entraîné une perte d’intérêt pour les valeurs et les techniques du travail de llano. La viabilité des chants de travail llaneros est donc exposée à diverses menaces. Néanmoins, les efforts de sauvegarde de l’élément sont nombreux, parmi lesquels une stratégie pédagogique fondée sur une vingtaine de rencontres destinées aux détenteurs et aux jeunes de la région, des projets de formation pour les enseignants et la multiplication des festivals.  



 
Ces conseils de voyage sont utilisable. Ils présentent les principaux aspects du sujet. Si une personne aventureuse pourrait utiliser cet article, il nécessite cependant d'être complété. Lancez-vous et améliorez-le !
Liste complète des autres articles du thème : Patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO